Ecouter, voir ou sentir?
- Fanny Guillaumat Louvard
- 8 oct. 2021
- 2 min de lecture

Rien de tel qu'une odeur pour voyager dans le temps
Rachel Herz a conduit une expérience en 2004, visant à comparer les souvenirs induits par des stimuli olfactifs, visuels et auditifs (pour trois « objets », du pop-corn, de l’herbe fraîchement coupée et un feu de camp).
Les caractères « émotionnels », « évocateurs », de « clarté du souvenir » et de « spécificité du souvenir » sont évalués.
Il en ressort que les stimuli olfactifs se distinguent nettement des autres par le caractère «émotionnel » et « évocateur » du souvenir qu’ils produisent. Les intensités émotionnelles et évocatrices que les odeurs engendrent de façon unique donnent une qualité de « réalité » parfois confondante aux souvenirs[1]. Diverses expériences menées tendent à prouver que cette qualité émotionnelle est directement liée au codage émotionnel des odeurs par le système limbique que nous avons précédemment évoqué.
Il est à ce stade impossible de ne pas citer Marcel Proust qui, le premier, a su si justement capter et retranscrire ces deux particularités essentielles de la mémoire olfactive à partir de sa propre expérience : « Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. »[2]
C’est l’expérience que nous avons sans doute tous faite en ressentant le parfum d’un être cher « absent ».
Extrait du Levier de Proust ®
Fanny Guillaumat 2020
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