Les mots pour sentir

On ne dit pas les odeurs comme on dit les formes et les couleurs...

LES MOTS POUR LES DIRE

Les mots pour dire les odeurs semblent toujours manquer. Jay Gottfried, de l’université de Chicago, et Jonas Olfasson, de l’université de Stockholm, ont synthétisé en mai 2015 dans leur article « The muted sense » les raisons neurocognitives de la pauvreté du langage olfactif. Celles-ci résident dans un cumul de facteurs « handicapants ».

Comparé au système visuel, on observe en effet pour le cortex olfactif de faibles connexions aux zones corticales du langage, a contrario de ses fortes connexions avec les zones de l’émotion, de la mémoire et de l’expérience.

Par ailleurs, en schématisant, la perception olfactive fonctionne dans le cerveau de manière « configurale » (holistique) et non « analytique » comme pour la perception visuelle : le cerveau ne décortique donc pas toutes les composantes de la perception olfactive comme il le fait pour un stimulus visuel, ce qui rend la précision et la verbalisation olfactives très difficile.

Les « mots des odeurs » ont donc la caractéristique d’être souvent posés à l’étage synthétique des « impressions d’ensemble »…

Extrait du Levier de Proust ®

Fanny Guillaumat 2020